- MEADE (J. E.)
- MEADE (J. E.)James Edward MEADE 1907-1995Né le 23 juin 1907 à Swanage, en Angleterre, James Edward Meade suit des études littéraires à Oxford, puis des études économiques à Cambridge (Grande-Bretagne), universités dont il est diplômé (master of arts ) en 1928 et 1930, respectivement. Cette double formation universitaire lui vaut d’être élu fellow à Hertford College d’Oxford, où il enseigne de 1931 à 1937, date à laquelle il est envoyé à Trinity College, de Cambridge, pour parfaire sa formation; il y reste près d’un an. Il manifeste alors des sympathies pour le Parti travailliste, avec lequel il a l’occasion de collaborer à titre d’expert. Mais, refusant l’étatisme, il se montre toujours partisan de l’économie de marché. Comme Keynes, il plaide pour la mise en place d’institutions permettant d’éviter les excès du libéralisme économique. En 1936, il publie un ouvrage d’inspiration keynésienne Introduction à l’analyse et à la politique économique .De son passage à Cambridge durant ses années de formation d’économiste, il aimera rappeler l’avantage qu’il tira de son appartenance au petit groupe de keynésiens, familièrement appelé “le cirque”, où il fréquenta Richard Kahn (le théoricien du multiplicateur), Austin et Joan Robinson, Piero Sraffa.De 1937 à 1940, il travaille à Genève comme économiste à la Société des nations (S.D.N.). Il y rencontre le Néerlandais Jan Tinbergen, expert à la S.D.N. de 1936 à 1938; les deux hommes auront souvent la même appréciation des réalités économiques et sociales. Mais, après les premiers revers militaires de 1940, il est rappelé à Londres, à l’initiative de Churchill, qui n’a jamais montré – c’est un euphémisme – de grandes affinités pour le Parti travailliste: le gouvernement demande à Meade de travailler à la mise au point d’une comptabilité nationale compatible avec l’économie de guerre. Il mène des recherches conjointes avec John Richard Stone, alors très marginalisé à Cambridge (il recevra cependant le prix Nobel en 1984). Les premiers résultats de leurs recherches paraissent dans un article cosigné dans l’Economic Journal en 1941: “La Construction de tableaux du revenu, de l’épargne et de l’investissement nationaux”). Pendant toute la durée de la guerre, James E. Meade est membre de la Section économique du gouvernement britannique, dont il deviendra directeur de 1945 à 1947. En 1944, il cosigne à nouveau avec Stone Revenu et dépense nationaux .De 1947 à 1957, il enseigne à la London School of Economics, puis, de 1957 à 1969, à Cambridge. Ses publications se multiplient: Théorie de la politique économique internationale (2 vol., 1951 et 1955), Géométrie du commerce international (1952), Théorie des unions douanières (1955), Théorie néo-classique de la croissance économique (1961). C’est, d’ailleurs, pour mieux se consacrer à son activité de recherche que ce professeur de renommée internationale prend une retraite anticipée: elle lui permet de mettre au point le troisième volume de ses Principes d’économie politique (1965, 1968 et 1971) et de publier L’Héritage des inégalités (1974), La Stagflation (1982 et 1983, en collaboration), Les Différentes Formes de l’économie de partage , ainsi que de nombreux articles.James E. Meade a présidé en 1960 le Comité sur les structures de l’île Maurice, puis, de 1975 à 1987, celui sur la réforme de la fiscalité directe. Il a présidé la Royal Economic Association, de 1964 à 1966, et il partagea en 1977 le prix Nobel avec le Suédois Bertil Ohlin. Dans ses attendus, le comité Nobel rappelait l’importance de la Théorie des unions douanières , qui prend en compte l’interaction de l’économie internationale avec la politique économique. Autrement dit, l’auteur a le double souci de l’équilibre interne et de l’équilibre externe, lesquels passent par la recherche conjointe du plein-emploi et de l’équilibre de la balance des paiements. Il associe à la fois les effets-revenus , mis en avant par les keynésiens, et les effets-prix , chers aux néo-classiques. Il démontre que l’utilisation d’un seul instrument de politique économique ne peut conduire qu’à une situation conflictuelle, car il faut toujours associer les mesures budgétaires et monétaires aux mécanismes de prix et de changes.Avec Ohlin, Meade a tenté, avec un succès réel, cependant toujours controversé, l’étrange alchimie consistant à associer les fondements théoriques de l’interventionnisme keynésien aux principes néo-classiques des mouvements internationaux de capitaux. Il reste que, pour atteindre ces objectifs d’équilibre économique, reposant sur un contrôle permanent des prix, des salaires et des revenus ainsi que sur un soutien de la demande globale, Meade souhaite une généralisation de la méthode contractuelle au sein de chaque secteur de l’économie. En particulier, il refuse la centralisation syndicale. Pour autant, cette évolution institutionnelle ne peut être le fait de l’économiste, mais bien et seulement celui du politique. Peut-être est-ce là le drame de la science économique: savoir, prévoir, mais non pouvoir. Tel semble être en tout cas le message laissé par James E. Meade, décédé le 22 décembre 1995.
Encyclopédie Universelle. 2012.